Rencontre des jeunes de l’archidiocèse de Bukavu avec ceux du Diocèse de Cyangugu



En date du 09/8/2014 a eu lieu, à la paroisse cathédrale de Cyangugu, une rencontre des jeunes de l’archidiocèse de Bukavu avec les jeunes du diocèse de Cyangugu.  La rencontre était dans le cadre de prier pour la paix de la sous- région des Grands Lacs. Cela a été aussi une occasion pour les jeunes d’échanger sur leur rôle dans la construction de la paix dans la sous-région des Grands Lacs. Le thème du jour était : « Jeunes, artisans de la paix, de la justice et de la réconciliation». Tout a commencé par une marche de la paix suivie  par une célébration eucharistique  présidée par Monseigneur Jean Damascène BIMENYIMANA, Evêque de Cyangugu, ensuite est venu le moment des échanges et enfin le partage des agapes fraternelles.

Ici, chers lectrices et lecteurs, nous vous proposons de trouver   l’intégralité de la réflexion du Père P. Jean M. RWAKABUBAMUKA , réflexion qu’il a partagé aux jeunes ce jour-là.

Réflexions sur l’engagement des jeunes dans la construction de la paix dans la sous-région des Grands Lacs.

Il est un dicton populaire qui dit : « Qui veut la paix, prépare la guerre !». Les multiples guerres à répétions dans la sous région des Grands Lacs demeurent le plus grand démenti que les bruits des armes et des bottes ne peuvent jamais produire la paix. Ne faudrait-il pas plutôt chercher la solution ailleurs ? Cet ailleurs nous est indiqué par le Christ : « Bienheureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5, 9). Cette parole a inspiré le thème de la rencontre d’aujourd’hui : Jeunes, artisans de la paix, de la justice et de la réconciliation. Un artisan, en effet, est une personne qui exerce un travail manuel à son propre compte. Si le thème de cette rencontre dit que les jeunes sont des artisans de paix, je crois que les organisateurs veulent rappeler que la paix est un chantier, elle est à construire. Et dans ce chantier, les jeunes ont un rôle de premier plan à jouer car ils sont l’avenir de l’Eglise, du monde et de notre sous-région en particulier.

Mais avant de livrer mes réflexions sur la manière concrète dont les jeunes peuvent jouer leur rôle, faisons d’abord une mise au point. Qu’est-ce que la paix ? La paix n’est pas nécessairement l’absence de la guerre. Elle est la « capacité de vivre les uns à coté des autres en tissant des relations de justice et de solidarité »[1]. Ceci étant, il serait illusoire de se dire que comme chez moi tout va bien, j’ai la paix. Quand la case du voisin brule, la tienne est menacée. C’est pourquoi il faut un travail d’ensemble pour maitriser l’incendie. La paix est une tâche à accomplir. Personne ne peut vous la donner, pas même les grandes puissances. Les présentes rencontres des jeunes de deux diocèses, dans une région de guerre, est un moment pour croire et crier fort que la cohabitation pacifique est possible malgré les difficultés qui ont eu lieu. La paix est possible. Comment les jeunes peuvent-ils contribuer à l’avènement de la paix dans cette région de Grands Lacs ? Quand on réfléchit sur la réponse à donner à cette question, les jeunes se sentent désarmés car ils ne sont pas consultés et leur parole ne pèse pas et n’est même entendue par personne. Et malgré cela, les jeunes ne sont pas pour autant déchargés de leur responsabilité pour chercher et restaurer la paix. La réponse n’est pas à chercher loin. Ils doivent s’engager à faire quelque chose. Ce quoi ce quelque chose ? Il faut adopter ce que j’appelle les attitudes de paix. Lesquelles ? Je propose rapidement quatre :

Le respect de la personne humaine

Les Ecritures Saintes affirment que l’homme est créé à l’image de Dieu. En tant qu’image de Dieu, l’homme a une dignité inaliénable. Il est une personne. Le Pape Benoit XVI dans son message pour la journée mondiale de la paix de 2007 affirme haut et fort que l’homme « n’est pas seulement quelque chose, mais quelqu’un capable de se connaître, de se posséder, de se donner librement et d’entrer en communion avec d’autres personnes »[2] et il poursuit en disant « le devoir de respecter la dignité de tout être humain, dont la nature reflète l’image du Créateur, comporte comme conséquence que l’on ne peut pas disposer de la personne humaine selon son bon plaisir. La personne qui jouit d’un plus grand pouvoir politique, technologique, économique, ne peut pas s’en prévaloir pour violer les droits des personnes moins chanceuses »[3]. Aux dires du Pape, sans respect des droits fondamentaux de la personne humaine, la paix n’est pas possible. Voilà pourquoi les jeunes doivent apprendre à dire non à toute pensée, idéologie ou enseignement qui inviterait à violer le droit de l’autre d’où qu’il vienne et quelles qu’en soit les conséquences
. Il faut commencer par respecter la vie de l’autre dès sa conception jusqu’à son terme normal. Un jeune qui soutiendrait l’avortement, les conflits armés, les autres multiples formes de violence comme l’injure, le vol, le viol…ne peut pas bâtir un monde de paix.

Respecter la personne humaine c’est « promouvoir la culture de la rencontre »[4]. Rencontrer l’autre c’est l’accueillir tel que Dieu a voulu qu’il soit. Tout ce que nous sommes est un don de Dieu. Personne ne peut être persécuté pour la couleur de sa peau, sa physionomie, son ethnie, sa nationalité ou sa langue. Personne n’a choisi d’être ce qu’il est ou de naître dans tel pays. Il y a un philosophe qui dit : Nous nous sommes surpris tous dans l’existence. Ceci m’amène vers la deuxième attitude : apprendre à apprivoiser nos différences.

Apprivoiser les différences

Dans le texte de Gn 1, 27, l’auteur sacré note: « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il les créa, il les créa homme et femme ». Si je me réfère à ce verset, c’est surtout pour sa dernière note : il les créa homme et femme. Là l’auteur sacré veut nous dire que Dieu nous a créés différent. Etre différent de l’autre n’est pas un accident. Cela découle de la volonté de Dieu. Or, Dieu ne peut vouloir notre mal. Il nous veut toujours du bien. Donc, la différence entre les hommes n’est pas un crime à réprimer c’est un bien à recevoir. Chacun doit se réjouir de ce que Dieu l’a voulu tel qu’il est. Tout jeune qui veut bâtir un monde de paix doit commencer par apprendre à s’accepter soi-même et à accueillir l’autre dans sa différence. La différence permet la complémentarité. Pour parler de l’unité qui doit caractériser ceux qui ont cru au Christ, Saint Paul emploie l’image du corps. Il dit : « Si le pied disait: « Parce que je ne suis pas la main, je ne suis pas du corps », il n’en serait pas moins du corps pour cela. Et si l’oreille disait: « Parce que je ne suis pas l’oeil, je ne suis pas du corps », elle n’en serait pas moins du corps pour cela. Si tout le corps était oeil, où serait l’ouïe? Si tout était oreille, où serait l’odorat?Mais, de fait, Dieu a placé les membres, et chacun d’eux dans le corps, selon qu’il a voulu. Si le tout était un seul membre, où serait le corps? Mais, de fait, il y a plusieurs membres, et cependant un seul corps. L’oeil ne peut donc dire à la main: « Je n’ai pas besoin de toi », ni la tête à son tour dire aux pieds: « Je n’ai pas besoin de vous » (1 Co 12, 15-21). Les membres du corps sont différents et c’est leur complémntarité qui crée l’harmonie et la symétrie de tout le corps.

L’acceptation de nos différences permet de dépasser nos indifférences les uns envers les autres, nos méfiances, l’intolérance envers les semblables, les préjugés idéologiques et culturels. Elle nous apprend à poser sur les autres un regard nouveau, le regard même de Dieu : là où l’homme voit une faute à punir, Dieu, lui, voit une misère à soulager. L’acceptation de la différence de l’autre permet le dialogue. Sans dialogue, il est impossible d’arriver à l’entente et par conséquent à une cohabitation pacifique. Le dialogue permet de se comprendre et de s’apprécier mutuellement. Pour que ce dialogue puisse porter des fruits, il faut qu’il respecte les normes éthiques c’est-à-dire qu’il faut avant tout se garder de faire un dialogue des sourds où chacun joue au chat et à la sourie. Le dialogue suppose une volonté réelle de s’écouter et de se comprendre, de se mettre en question ; une sincerité et une humilité c’est-à-dire que les membres s’engagent dans une demarche de foi, sans caprices et sans préjugés. Le dialogue favorise l’avènement de la paix. Les jeunes qui veulent contribuer à la paix doivent apprendre à se parler.

Le respect des valeurs universelles

La paix n’est pas possible sans morale, sans éthique. Dans un monde de mensonge, de publicité, d’injustices sociales, un monde qui exalte la haine, le biceps et la violence, les jeunes sont appelés à se lever et à agir en portant au cœur de ce monde la paix, la justice, la liberté et l’amour. Sans ces valeurs, la paix n’est pas possible. Elles sont libératrices. La paix est une question de vie et nous devons nous battre pour la construire. « Vouloir la paix c’est vouloir la vie, c’est se libérer de la peur et de l’angoisse et c’est œuvrer pour la justice. Œuvrer pour la justice, c’est aussi lutter courageusement, l’esprit libre contre toutes les entreprises totalitaires et les idéologies dominatrices

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. Vouloir la paix sans avoir peur de l’oppression, c’est être conscient devant les menaces du pouvoir anti-démocratiques ; c’est être courageux au cours de l’épreuve, c’est être solidaire à l’heure du danger, c’est respecter la vie et donner les moyens pour vivre, avec des raisons d’espérer au peuple »[5].

Revenir à Dieu

Un autre élément qui tourmente la paix dans le monde c’est la tendance à chercher à construire un monde sans Dieu. C’est le phénomène de sécularisation
. Vous n’avez qu’à contempler la croix du Christ pour découvrir ce dont est capable une humanité éloignée de Dieu. Une humanité éloignée de Dieu ne peut faire produire qu’une civilisation de souffrance, d’angoisse, d’intolérance et de mort. Quand l’homme s’éloigne de Dieu, il perd un repère important. Pour construire la paix, les jeunes doivent apprendre à construire d’abord leur être intérieur. Le mal est dans notre cœur avant de s’exterioriser. Il faut revenir à la foi. Dans notre sous-région, les jeunes devraient commencer à lire la Bible ensemble et à prier ensemble. Je reste convaincu que dire la messe, construire les routes, développer un milieu…même le diable peut le faire. Mais rassembler les gens en une fraternité vraie, il n’y a que le Christ qui peut le faire. Une paix sans Dieu au cœur est un mensonge. Commencez par vous recentrer sur le Christ et son Evangile et des nouveaux horizons apparaîtront.

Conclusion

Je conclus ce propos par cette expérience qui interpelle : après l’offensive d’Israël contre Gaza en  2009, les jeunes musulmans, catholiques et juifs se sont rencontrés afin de prier pour la paix. De l’expérience vécue ce jour-là est née une association dénommée Coexister. Dans cette association,  les jeunes apprennent à se comprendre, à se connaître et à s’aimer. Leur association leur donne un lieu pour échanger sur leurs religions et s’exprimer sur celles des autres sans hypocrisie et sans demi-vérités. A une des leurs rencontres, ils ont passé en revue toute la situation sur terrain avec ses nombres effrayant des morts. Les jeunes se sont demandés : quel message faut-il adresser aux adultes et comment faire fléchir les grands de ce monde pour qu’ils voient comme nous ces catastrophes humaines ? La réponse était la suivante : « Au sang versé par les guerres au nom des religions, opposons un geste universel, anonyme et gratuit, du don du sang pour la vie ».

Chers jeunes, vous êtes l’avenir de nos pays. Alors préparer le lendemain par un changement de mentalité, de pensée et de comportement et imaginer des actions d’ensemble. Je souhaite que vous puissiez profiter de ce moment que l’Eglise vous offre pour échanger en profondeur sur les problèmes de notre région et inventer des solutions qui interpellent ceux qui doutent encore de la possibilité de la paix véritable. Nous voulons la paix et rien que la paix. Elle est possible et nous pouvons la construire ensemble.

P

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. Jean M. RWAKABUBA MUKA, crsp,
Communauté de Cyangugu.

[1] Benoit XVI, La personne humaine, cœur de la paix. Message à l’occasion de la journée mondiale de la paix le 01 janvier 2007, n° 3
[2] ibidem
[3] Idem, n°4
[4] François, discours aux supérieures générales le 08 mai 2013
[5] Mungala A., le consensus politique et renaissance de la RDC, 2002